Demain : Quels emplois pour quelles qualifications ?

, par Dominique Bonadei

Excédent ou pénurie de main d’œuvre ?

Alors que le chômage progresse fortement, certains secteurs connaissent une pénurie de main d’œuvre et d’autres affichent de forts potentiels de création d’emplois. Pourront-ils compenser les destructions d’emploi qui se multiplient ? S’agit-il de véritables offres d’emploi ou de petits boulots ? Sont-ils porteurs d’avenir, de qualification et de rémunérations à l’avenant ? Quelques éléments de réponse !

Secteur tertiaire et emplois de services

Au-delà de la crise financière et économique qui secoue la planète, certains secteurs en Guyane continuent de se développer et de recruter. Là où les industries ont à faire face à des licenciements ou à du chômage partiel, les services à la personne, le commerce sur internet et les industries environnementales constituent un bon réservoir d’emplois.

Ce sont le secteur tertiaire et les emplois de services qui offriront le plus d’opportunités dans les métiers qui devraient embaucher d’ici 2015 :

  • les services aux particuliers
  • la santé et l’action sociale
  • les transports et la logistique
  • les métiers administratifs
  • le commerce et la vente

Il est bien entendu difficile de déterminer aujourd’hui l’impact de la crise sur ces estimations. Ces emplois futurs, toujours plus féminisés, se partageront pour l’essentiel entre des métiers de l’encadrement hautement qualifié (niveau ingénieur, grandes écoles et diplômes universitaires) et des besoins en personnels nombreux mais peu qualifiés.

Formation, recrutement et conditions de travail

Les jeunes diplômés qui sortent du système éducatif sont notamment les jeunes femmes. Les entreprises qui recrutent sur des emplois peu qualifiés et où les organisations du travail sont peu valorisantes auront des difficultés de recrutement si elles ne modifient pas leurs comportements d’embauche.

Les emplois du tourisme ou de l’agriculture font face à des pénuries de main d’œuvre. Les conditions de travail, le logement, la précarité sont autant de sujets sur lesquels les employeurs (ou groupement d’employeurs) devront s’interroger pour endiguer le manque de main d’œuvre.

Les emplois liés à la logistique où le travail est fortement automatisé, segmenté, peu qualifié et sans perspective de carrière auront du mal à attirer et fidéliser les salariés. A contrario, les entreprises qui favoriseront les parcours de formation, la promotion, la possibilité de reclassement et qui auront à cœur d’augmenter et d’entretenir les compétences des employés seront gagnantes.

Les métiers de bouche, d’employés de la restauration et de cuisiniers ont toujours eu des difficultés à recruter et surtout à conserver leur main d’œuvre. Conditions de travail avec horaires décalés, intensité du travail, salaires et perspectives de carrière faibles sont autant de freins pour attirer les salariés. Les employeurs auront intérêt à mettre en œuvre une vraie stratégie collective pour offrir de meilleures perspectives de carrière, un volume de travail mieux réparti et instaurer un dialogue social.

C’est dans le secteur des aides et soins aux personnes que les difficultés de recrutement seront les plus visibles, particulièrement pour l’aide à domicile. Des femmes plus diplômées, une représentation des hommes qui reste très faible, ces emplois sont aujourd’hui considérés comme peu qualifiés. Il faudra construire l’attractivité de ces métiers en passant par une amélioration des conditions de travail (durée, isolement, rémunération) et ouvrir de vrais perspectives de carrière par le biais d’une politique en ressources humaines plus dynamique.

Faire évoluer les pratiques de recrutement, agir sur l’orientation des jeunes en cours d’études, accompagner les demandeurs d’emploi sur les marchés du travail porteurs, améliorer les conditions de travail et favoriser l’évolution professionnelle sont autant de défis que devront relever les branches professionnelles pour faire face à cette pénurie sectorielle de main d’œuvre.

Dominique BONADEI

Secrétaire Général